Histoire

Par le passé, l’huître plate constituait avant tout une espèce d’intérêt économique, qui fut à l’origine même de la filière ostréicole française et européenne. Des traces de consommation de cette espèce ont été trouvées dès la préhistoire et elle était très appréciée au cours de l’Antiquité, période où l’on retrouve les premiers récits de son exploitation. Activement pêchée au 18ème siècle, surexploitée au 19ème, puis élevée à partir du 20ème siècle, O. edulis a connu une forte production en France avant que cette dernière ne s’écroule à la fin du 20ème siècle (Hussenot et al., 2014). Au 18ème siècle, entre 10 000 et 20 000 tonnes d’huîtres plates étaient pêchées dans la région de Cancale. Les bancs, considérés alors comme inépuisables, ont cependant vite montré leurs limites avec une interdiction de pêche sur toute la France en 1759 (Hussenot et al., 2014). Le développement de l’ostréiculture à la fin du 19ème siècle offre un nouvel essor pour l’espèce, et permet d’atteindre une production supérieure à 50 000 tonnes au milieu du 20èmesiècle. Mais plusieurs épizooties surviennent dans les élevages au cours de ce siècle. L’origine de la première épizootie, de 1920 à 1927, reste encore incertaine. Il s’agirait probablement d’une infection par un parasite intracellulaire affectant le muscle adducteur de l’huître plate, l'empêchant de se refermer et la laissant ainsi sans défense face aux prédateurs. La deuxième épizootie en 1968 est due à Marteilia refringens, un parasite protozoaire affectant la glande digestive. Enfin, c’est à un autre parasite protozoaire, Bonamia ostrea, qu’est due la 3ème épizootie en 1979. Ce parasite intracellulaire affecte les cellules sanguines (Duchêne et al., 2015) et sera responsable d’une chute brutale de la production à quelques milliers de tonnes. A la suite de ces maladies, les techniques d’élevage ont été modifiées, avec une culture en eau profonde permettant de limiter l’impact de la marteiliose car les huîtres restent constamment immergées. Cependant, la bonamiose touche les huîtres quelle que soit la technique d’élevage. Aujourd’hui, la production d’huîtres plates se fait essentiellement en baie de Quiberon pour le captage et en baie du Mont Saint-Michel pour le grossissement avec une production de 1500 tonnes les bonnes années (Hussenot et al., 2014). Cette production est tombée à moins de 500 tonnes récemment, suite à des années consécutives de mauvais recrutement en 2011, 2012 et 2013 (Cochet et al., 2016). Selon les années, le captage peut aussi être réalisé en rade de Brest, mais la qualité des naissains produits est inférieure à ceux de la baie de Quiberon.